Scène III.
Que vous semble, madame, de ce pays ? n’êtes-vous pas satisfaite de son aspect agréable ? Regardez toutes ces plantes, ces fleurs et ces arbres chargés de fruits.
Le noble pays d’Espagne me plaît infiniment ; et ce n’est pas peu dire, quand je viens de quitter la France, et mes parents, et ma famille.
Je suis charmé, madame, que ce pays vous convienne, puisque vous êtes destinée à y vivre.
Je suis cependant surprise, seigneur, que nous soyons arrivés si près de la cour sans que le prince ni personne ne soit venu à notre rencontre. À quel motif dois-je attribuer ce manque d’empressement ?
Que cela ne vous afflige point, belle Fleur-de-lis. Comme nous avons voyagé secrètement, il est possible qu’on n’ait pas su notre arrivée. Nous ne tarderons pas à apprendre la cause de cette négligence… Mais voici du monde.
Faites que l’on amène un carrosse, afin que nous retournions tous ensemble à la ville.
C’est le roi.
Je me jette aux pieds de votre majesté.
Non, madame et ma chère fille, dans mes bras !
Je suis votre servante, sire ; je viens de France comme gage de l’amitié que vous porte le roi mon père.
Le ciel, madame, vous a faite accomplie en toutes choses, puisque votre esprit égale votre beauté. — Comment la princesse s’est-elle trouvée de ce voyage, Alberto ?
Madame a un peu souffert du mal de mer les premiers jours ; mais heureusement que cela n’a rien été.