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JOURNÉE III, SCÈNE I.

Tristan.

Goûtons un peu du vin grec, d’autant que je veux apprendre cette langue, et qu’il n’y a pas de meilleur moyen,

Ricardo.

Cet homme brun, au teint jaune, doit être le plus brave des trois ; voyez comme les autres lui montrent des égards. — Célio ?

Célio.

Monseigneur ?

Ricardo.

Fais-nous venir cet homme pâle qui est là parmi ces cavaliers.

Célio, allant vers Tristan.

Holà ! cavalier, avant que vous entriez dans ce saint ermitage, le marquis mon maître voudrait vous dire un mot.

Tristan.

Camarades, voilà un grand seigneur qui me fait appeler, et comme vous sentez, je ne puis pas refuser d’aller savoir ce qu’il désire. Entrez là, et buvez quelques brocs de vin, en mangeant deux doigts de fromage, pendant que je m’informe de ce qu’il me veut.

Antonel.

Eh bien, tâchez de nous rejoindre au plus tôt.

Furio, Antonio et Lirano sortent.
Tristan.

Je vous suis. (Au marquis.) Que désire votre seigneurie ?

Ricardo.

Votre air déterminé, votre bonne mine nous a engagés, le comte Frédéric et moi, à vous appeler pour savoir si, moyennant une récompense, vous seriez homme à nous rendre service. Il s’agirait d’un homme dont nous voudrions nous défaire.

Tristan, à part.

Vive le ciel ! ce sont les prétendants de la comtesse, et il y a là-dessous quelque machination. — Faisons semblant de rien.

Frédéric.

Eh bien, qu’en dites-vous ?

Tristan.

C’est que j’étais là à réfléchir si par hasard votre seigneurie voulait se moquer. Chacun vit de son état… Honneur à celui qui distribue parmi les hommes la force et le courage ! Il n’y a point d’épée à Naples qui ne tremble au bruit de mon nom. Vous avez entendu parler du fameux Hector ; eh bien, là où je suis qu’Hector disparaisse ; car s’il l’a été à Troie, moi je le suis à Naples.

Frédéric.

C’est justement l’homme qu’il nous faut. (À Tristan.) Sur notre tête nous parlons sérieusement ; et si votre valeur répond à votre nom, et que vous consentiez à nous débarrasser d’un homme, nous vous donnerons pour cela ce que vous voudrez.