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Tello.

Si elle avait été plus raisonnable avec moi, je n’aurais pas recours à la violence.

Celio.

Savez-vous, monseigneur, que j’admire la chasteté, la constance avec laquelle elle se défend ?

Tello.

Tais-toi. Je suis à bout de patience, et je ne sais comment j’ai pu supporter si longtemps une résistance aussi injurieuse. Tarquin n’attendit pas une heure, et avant qu’une nuit se fût passée il était maître de sa dame. Et moi j’aurai si longtemps attendu le consentement d’une petite paysanne !

Celio.

Rappelez-vous aussi le châtiment de Tarquin. Il faut se régler sur le bien, non sur le mal.

Tello.

Mal ou bien, il n’importe, il faut qu’aujourd’hui même je triomphe de ses dédains. Maintenant ce n’est plus l’amour qui m’anime, c’est l’orgueil, c’est la rage. Il est temps qu’elle se repente de son obstination et que j’en sois vengé !

Ils sortent.



Scène III.

Une chambre dans la maison de Nuño.


Entrent SANCHE, PÉLAGE et JUANA.
Juana.

Soyez tous deux les bienvenus.

Sanche.

Je ne sais ce qui arrivera ; mais j’espère, Juana, que tout ira bien, s’il plaît à Dieu.

Pélage.

S’il plaît à Dieu, Juana, il arrivera tout au moins que nous serons arrivés à la maison ; et puisque nos chevaux ont déjà leur ration, il n’est pas juste que nous soyons jaloux de nos bêtes.

Juana.

Voilà déjà que tu commences ?

Sanche.

Où est Nuño ?

Juana.

Je crois qu’il est allé voir Elvire.

Sanche.

Comment ! don Tello le laissera parler à elle ?

Juana.

Celio lui a dit qu’il pourrait lui dire quelques mots à la fenêtre d’une tour.