Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

leur laissant le soin de corriger ceux que le temps n’a pas permis au maître d’examiner lui-même.

Mais, il peut arriver un moment où la méthode simultanée à son tour devient insuffisante, et où le maître se trouve dans le même embarras qui lui a fait déserter le mode individuel. Qu’au lieu de soixante élèves il en ait cent à conduire. Le nombre de ceux qui composent chaque division s’étant considérablement accru, sans que la durée des classes ait pu s’accroître, il s’ensuit que les élèves qui passaient tous auparavant une fois tous les jours sous les yeux du maître, n’y seront plus appelés que tous les deux jours : en un mot, l’action de l’instituteur sur chaque enfant s’éloigne, son enseignement perd de sa force. C’est alors qu’en désespoir de cause il s’adresse à l’enseignement mutuel.

L’enseignement mutuel, poussé au degré de perfection dans les détails où l’ont porté les efforts vraiment louables de la société pour l’enseignement élémentaire est une des mécaniques les plus ingénieuses qui aient jamais été appliquées à l’instruction de l’enfance. L’amateur qui se promène dans une école dirigée par ce mode d’enseignement, est émerveillé de ces évolutions précises, de ces marches et contremarches dont le principal mérite n’est pas de satisfaire ses yeux, mais d’assujettir à une règle la vivacité capricieuse des enfants, d’occuper leur activité physique et intellectuelle par le retour régulier des divers exercices dont se compose chaque classe ; mais, si le curieux se retire charmé d’un pareil spectacle, et se hâte de déposer sur le registre, en sortant, le témoignage obligé de son admiration, le visiteur sérieux qui, étudiant tous les procédés de cet enseignement, le manuel à la main, a pu observer avec quel art les inconvénients ont été prévus et évités, l’ordre établi, le cadre rempli, les minutes comptées, la be-