Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/129

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c’est elle qui a le mieux résolu ce problème, donner l’instruction la moins dispendieuse au plus grand nombre d’enfants possible.

On a fait à l’enseignement mutuel des reproches graves, et qu’il ne nous est pas permis de dissimuler. Cette méthode, a-t-on dit, peut produire, pour la partie mécanique de l’instruction primaire, des résultats assez bons : la lecture, l’écriture, le calcul pratique sont bien de sa compétence ; mais, aussitôt qu’il s’agit de communiquer aux enfants des connaissances qui demandent un travail de l’intelligence, l’application des règles de la grammaire, la théorie des opérations de l’arithmétique, il ne faut plus compter sur elle.

Il est vrai que, jusqu’à présent, les épreuves ont été plus favorables à l’enseignement mutuel dans les facultés où les yeux et la mémoire sont mis seuls en exercice. Nous croyons encore que l’enseignement direct du maître, dans les autres méthodes, est plus flexible, plus puissant, plus intelligent pour mettre en mouvement les facultés d’esprit de l’enfant, que cette transmission d’autorité déléguée par ricochet, de l’instituteur au moniteur général, du moniteur général aux moniteurs de classe, qui ne seront toujours que des enfants enseignant d’autres enfants.

Mais, on a bien exagéré la chose : à juger la méthode par les bonnes écoles qui la pratiquent, rien n’a donné le droit dans les résultats de conclure au mépris, comme on l’a fait dans l’Allemagne et dans quelques cantons de la Suisse. Toutes les fois que l’enseignement simultané proprement dit est possible, nous préférons l’enseignement simultané, mais nous sommes convaincu que l’enseignement mutuel, tel qu’il est, est fort capable de donner au peuple une instruction suffisante, et les améliorations apportées dans les anciens tableaux en rendent tous les jours le bienfait plus efficace.