Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/224

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ainsi : employer la ruse, la fraude et le mensonge pour cacher les dégâts commis par leurs bestiaux, et c’est pour cela qu’ils s’accoutument à se servir de tout le secours de leur esprit. Presque toujours ils sont encouragés dans cette tâche par leurs parents et leurs maîtres. Ce sont là les leçons de morale qu’ils reçoivent, avec la certitude toutefois d’être sévèrement corrigés s’ils ont la maladresse de laisser découvrir leurs méfaits ; s’ils cherchent à occuper leur oisiveté, ce sera pour voler des fruits dans un verger, des épis de maïs, des têtes de pavots, des pommes de terre, pour dégrader une clôture en coupant le bois pour se chauffer ou pour faire cuire entre deux tuiles une poule qui s’était trop écartée de la ferme.

« On sent bien que ces habitudes vicieuses sont la conséquence forcée de la situation où l’on place ces jeunes gens ; on répète souvent dans les campagnes qu’il n’est pas de plus méchante race que les pâtureurs : mais cette race est destinée à former une partie notable de la population, et je demande si cet apprentissage de fainéantise et de rapine est propre à faire des hommes probes, instruits, francs et laborieux.

« La vie champêtre est, sans contredit, par elle-même, la plus propre de toutes à faire naître et à entretenir dans le cœur des inclinations douces et honnêtes. Cependant, on entend fréquemment les habitants des villes se plaindre de l’esprit d’égoïsme, d’intérêt et de mauvaise foi qui règne dans la campagne ; ces reproches ne sont que trop souvent fondés, et la principale source de cette disposition est dans les habitudes que contractent les jeunes gens, et qui sont la suite nécessaire de l’exercice du droit de vaine pâture. »

Yonne ; arr. de Sens, cant. de Cheroy. — Dans le cours de mon inspection, je me suis souvent approché de ces nombreux enfants qui errent avec leurs bestiaux dans les bois et les prés. Je les ai questionnés, et j’en ai retiré la triste conviction qu’ils étaient presque tous d’une ignorance profonde sur les vérités de la religion et les éléments des connaissances enseignées dans les écoles.

Ain ; arr. de Belley, cant. d’Ambérieux et de Lagnieux. — Dans les hameaux qui composent une commune, on préfère le premier venu, qui se trouve là, à l’instituteur qui est à un quart de lieue ; ou bien on oblige ce dernier à faire, le matin, sa classe près de l’église et le soir, dans un hameau éloigné, afin qu’il y ait égalité de désavantages dans le déplacement des enfants.

Ain ; arr. de Bourg, canton de Montrevel et de Ceyzeriat. — La commune de Revonnas, canton de Ceyzeriat, ne possède aucun revenu. Deux sœurs de Saint-Joseph ont instruit jusqu’ici les petits garçons et les petites filles.