Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tout entier. Si quelque membre de sa famille est malade, sa femme ou sa fille, ou si quelque circonstance les retient au lit un peu plus tard qu’à l’ordinaire, on en est quitte, je le crains, pour tirer modestement les rideaux. « L’habitation, dit un des inspecteurs, se compose d’une seule salle d’école, où le maître, sa femme et deux enfants habitent. Les enfants sont continuellement distraits par ceux qui entrent chez le maître. Lors de mon passage, sa femme était accouchée la veille dans le local de la classe. » (Meuse.)

En vérité, je ne sais, si, pour la moralité de la chose, surtout dans les écoles composées de garçons et de filles, plutôt que de les faire assister aux suites des couches de la maîtresse et de la nourriture du nouveau né, il ne vaudrait pas mieux encore, comme dans quelques communes de Saône-et-Loire, les faire cohabiter avec le pourceau du ménage (9) et les autres animaux domestiques que nourrit l’instituteur, au risque d’effrayer l’inspecteur surpris à l’improviste par une nuée de poules qui viennent se jucher sur sa tête (10).

Qu’on s’étonne ensuite de la malpropreté qui règne dans ces écoles (11), lorsqu’on voit quelquefois les maîtres rechercher plus volontiers les écuries et les étables pour y tenir leur classe, dans l’espérance de mettre à profit la chaleur des bêtes qui l’habitent (12). C’est ainsi, comme s’exprime un des inspecteurs, dans la naïve horreur qu’il éprouve pour un tel degré d’humiliation, c’est ainsi que la science se donne en présence des animaux.

Souvent l’école se tient dans des granges humides (13), des salles basses, des caves où l’on est obligé de descendre en rampant (14), dans un local d’une petitesse incroyable, et dont nous ne citerons que cet exemple. « L’école de P… n’a que douze pieds carrés : dans ce local se trouvent réunis, au fort de l’hiver, quatre-vingts élèves. » Ardennes (15). Lorsque cet amas