Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/243

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ici ce qu’on fait en Alsace, faire traduire, beaucoup traduire. Mais où sont les ouvrages patois ? J’ai eu le plus grand soin de recommander aux maîtres de ne laisser passer aucun mot qui ne fût bien compris de tous, et non-seulement les mots, mais les phrases ; mais c’est bien difficile à obtenir. Dans les villes, dans les campagnes, à chaque instant le patois frappe les oreilles du voyageur, c’est l’idiome favori pour quelques esprits indépendants attachés au sol du Midi ; c’est presque la langue nationale. Les curés sont obligés de prêcher en patois ; tout le monde ici est obligé de savoir un peu de patois ; et malheur aux inspecteurs d’académie qui n’en connaissent pas un mot.

Vosges ; arr. de Mirecourt. — Quant à la grammaire française et à l’orthographe, la grande majorité des instituteurs est obligée d’en donner des leçons furtivement, pour ainsi dire, et à la dérobée. « Il n’est pas besoin de grammaire pour des paysans, disent les parents, pour la plupart. » Aussi, les enfants parlent-ils généralement patois.

Vosges ; arr. de Saint-Dié, cant. de Schirmeck. — Natzwiller : — L’école de cette commune est allemande.

Moselle ; arr. de Thionville. — Les curés ne prêchent, ne font le catéchisme qu’en allemand, et la plupart, au nom de la Religion, repoussent le français de toute leur influence. (Voy. aussi 134, Tarn.)

Gers ; arr. de Lectoure, cant. de Mauvezin. — Le curé exige que les enfants apprennent le catéchisme en patois ; il leur dit : « Parlez la langue de votre père ! » maxime fort avancée. « Lire, écrire, et un peu de calcul, c’est bien assez pour labourer, » dit-on dans la commune de Solomine. D’autres disent, en parlant de la loi nouvelle : « Ça ne prendra pas. »

Marne ; arr. de Vitry. — On tient beaucoup à dix sous dans la campagne ; le propriétaire, aussi bien que les manouvriers, hésite à les donner pour faire fréquenter l’école à ses enfants, et l’on préfère les laisser croupir dans l’ignorance la plus grossière. J’ai entendu même plusieurs maîtres se plaindre que les parents défendissent de montrer à parler à leurs enfants ; qu’ils sachent lire et écrire, dit-on en patois, c’est suffisant ; ils n’ont pas besoin de savoir parler comme des bourgeois.

Calvados ; arr. de Bayeux, cant. de Byes. — Sur tout le littoral,