Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/63

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ne recevra tout au plus que les indigents. Pour remédier à ce mal, plusieurs avis sont ouverts. — On aidera les familles qui se prêteront à cet arrangement par quelque secours pécuniaire : mais, est-il d’une bonne morale de payer aux parents le bien qu’on leur fait ? On a loué avec raison la sagesse du législateur de n’avoir pas établi la gratuité pour tous, et d’avoir voulu que chacun, dans la proportion de ses ressources, s’accoutumât à mieux apprécier l’instruction qu’on lui donne par les sacrifices même qu’elle lui impose. Ce principe ne serait-il pas ici démenti (178) ?

On propose encore d’imiter l’exemple de ce conseil municipal qui a voté, en sus du traitement fixe, deux cents francs à l’instituteur, pour recevoir, sans rétribution, pendant l’été, tous les enfants de la commune qui se présenteront dans son école (179). On ne peut que louer la générosité d’une pareille décision, mais sans espérer qu’elle trouve de nombreux imitateurs. Combien de communes ne suffisent pas par leurs seules ressources au minimum du traitement, loin de pouvoir en voter un supplémentaire !

Avant la loi du 28 juin 1833, nous trouvons établi dans quelques provinces, déjà plus avancées sur les questions d’instruction primaire, un usage que nous ne saurions trop recommander à l’attention. Au lieu de fixer la rétribution mensuelle, les conseils municipaux fixaient la rétribution annuelle. Elle se payait, chaque mois, par douzième (180). Par là, on assurait l’existence de l’instituteur pendant l’été comme pendant l’hiver ; et, ce qui est bien plus important, on enlevait aux familles la tentation malheureuse de faire des économies aux dépens de l’instruction de leurs enfants. Tel se dispense volontiers d’envoyer son fils à l’école, pendant la saison des travaux, parce qu’il n’est point obligé de payer l’écolage, qui l’enverrait sans aucun doute, pour gagner son argent,