Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/65

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seules puissent se flatter de profiter des élèves que le département y aura formés, c’est qu’elles pouvaient seules présenter les ressources d’enseignement nécessaires, des bâtiments appropriés aux besoins de l’établissement, et qu’elles sont là placées plus près des yeux des magistrats intéressés à en surveiller les progrès. Les écoles normales ne peuvent perdre de vue que les communes rurales sont celles qui exigent de la part du gouvernement le plus de sollicitude et d’intérêt. Les villes ne manqueront jamais d’instituteurs, mais les campagnes en sont souvent dépourvues (185).

Nous ne parlerons pas des répugnances attribuées au clergé contre les maîtres formés dans les écoles normales (186). On ne peut nier que des préjugés, quelquefois malheureusement justifiés par l’imprudence de quelques étourdis (187), n’aient pas été favorables d’abord au succès de cette institution. La crainte de confier à de très-jeunes gens, étrangers à la commune, toute la jeunesse du pays (et nous ne pouvons oublier que les filles sont souvent admises dans la même école), avait inspiré aussi à quelques conseils municipaux l’idée d’envoyer à l’école normale un homme du pays même, destiné à revenir y prendre la direction de l’école (188) ; mais nous espérons que ces méfiances (189) ont déjà cédé aux améliorations progressives qu’ont reçues ces établissements importants. Des études solides, sérieuses, dirigées vers l’enseignement modeste auquel ils sont voués, des goûts simples, le respect de ce qu’il faut apprendre à respecter aux autres, une conduite plus prudente, et des mœurs plus irréprochables, à raison même des inquiétudes que peut inspirer leur jeunesse finiront par concilier aux élèves-maîtres la confiance générale et la considération à laquelle leur supériorité d’instruction leur donne déjà des droits incontestables (190).