Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/85

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qu’on était obligé de leur lâcher de l’autre, en abaissant le prix des élèves payants, dont en même temps on diminue le nombre pour les comprendre dans la catégorie des indigents. Le titre d’instituteur communal est devenu par là, dans quelques endroits, une ruine véritable (231), une destitution déguisée, et je ne serais pas étonné que, plus d’une fois, un conseil, embarrassé de la présence d’un instituteur qu’il ne pouvait légalement déposséder, eût imaginé cet expédient, qui ne serait pas maladroit (232). Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’on a vu des maîtres déloger promptement quand ils se sont entendu menacer du titre d’instituteur communal, avec toutes ses conséquences (233).

Car, toujours poursuivis par cette nécessité de se récupérer de la somme exorbitante de 200 francs qu’il fallait donner à l’instituteur, bien des conseils municipaux ont voulu comprendre au moins dans cette allocation une foule de fonctions différentes qui, seules, suffiraient pour absorber son temps. Il faut qu’il soit fossoyeur, ou tambour, qu’il nettoie le lavoir public, qu’il monte l’horloge, qu’il cumule les fonctions de chantre et de sacristain, qu’il paie les hosties, blanchisse le linge de l’autel et fournisse les balais. Comme, dans les pays où l’instituteur exerçait toutes ces charges avant la loi, il fallait bien lui faire un traitement ad hoc, on n’a pas grand’chose à y ajouter, par forme de supplément, pour en composer son traitement communal. Quelquefois même les autorités n’ont pas craint de lui déclarer que, de tous ses emplois, celui d’instituteur leur était le moins nécessaire (234).

« À Montholier, dit l’inspecteur du canton de Poligny, j’ai trouvé, le 4 novembre, l’instituteur Bernard, du 2e degré, emmenant son mobilier. N’ayant rencontré ni le maire, ni le curé, j’ai dû croire que ledit Bernard avait prévariqué. Quel a été mon étonnement