Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/210

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Maurice, traits pour traits ; cette ressemblance que je cherche depuis des mois pour essayer d’en terminer enfin…, je l’ai trouvée, je la tiens. Il habite à ma porte ou presque, a ton âge, mais n’est pas Normand comme toi, c’est un Italien, lui, mais d’origine parisienne ; il est installé avec une véritable mère dans un petit hôtel au Ranelagh, depuis près d’un mois, c’est presque un rastaquouère, mais qu’importe ! il a tes yeux, ta moustache et tes lèvres, il embrasse même beaucoup mieux que toi.

Tu lui pardonneras donc la nuit que je lui ai donnée hier, comme toutes celles que je lui donnerai sans doute, car il est là sous ma main, lui, et n’en est pas encore à l’ère des prétextes et des faux fuyants ; tu garderas l’âme et lui prendra le corps jusqu’à ce que l’âme suive,… tu n’y vois, n’est-ce pas, aucune opposition ?

Nous nous verrons d’ailleurs dimanche à Saint-Cloud, si tu le désires, à cinq heures et demie, comme toujours, dans l’avenue du bord de l’eau.

Seulement, tâche cette fois de ne pas t’endormir dans le train, lutte contre le sommeil, si tu peux, la veille ne te fatigue pas trop. Tu sais que le 15 juin le baron m’emmène avec lui à Évian, tu ne me reverras donc que le 12