Page:Lorrain - Le Sang des dieux, 1882.djvu/39

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Le Miracle d’Odile 19 « Laquelle, je le sais, vous daignez trouver belle, « Mon cheval alezan, son licol et la selle « A celui d’entre vous, témoins de mes serments, « Qui dans un mois d’ici prouvera que je mens 1 » Les autres en riant reçurent la gageure. Or, juste à ce moment, au lent et sourd murmure Des orgues achevant l'office solennel, La foule s’écoulait : les cloches en plein ciel Carillonnaient, mettant la vieille ville en joie Et, charmante, inclinant son col neigeux qui ploie, Odile apparaissait dans Tombre des piliers. Arrêtée aux lépreux, le long des escaliers Accroupis, douce et calme, elle faisait l’aumône Et ses cheveux d’or fin semblaient une couronne De sainte sur sa face, où rayonnait le ciel. Fauve et le cou gonflé d’arrogance et de fiel. Le comte Home surgit alors devant Odile Et dans ses doigts velus prenant sa main débile Dans une étreinte atroce et brusque à l’écraser : « Vos lèvres, damoiselle, appellent le baiser « Comme la fleur l’abeille, » et d’un geste farouche, Brutal, il appliqua sa bouche sur sa bouche. Et les seigneurs riaient cyniques, outrageants.