Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/106

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donc une autre qui te donne un héritier. Tu ne dureras pas toujours ; aussi, quand même tu voudrais rester ainsi, nous ne te le permettrions pas. » ― « Il n’y a pas encore longtemps, » répondit Pwyll, « que nous sommes ensemble. Il peut arriver bien des choses. Remettez avec moi cette affaire d’ici à un an. Convenons de, nous réunir aujourd’hui dans un an, et alors je suivrai votre avis. » On convint du délai.

Avant le terme fixé un fils lui naquit, à Arberth même. La nuit de sa naissance, on envoya des femmes veiller la mère et l’enfant. Les femmes s’endormirent, ainsi que Riannon la mère. Ces femmes étaient au nombre de six. Elles veillèrent bien une partie de la nuit ; mais, dès avant minuit, elles s’endormirent et ne se réveillèrent qu’au point du jour. Aussitôt réveillées, leurs yeux se dirigèrent vers l’endroit où elles avaient placé l’enfant : il n’y avait plus de trace de lui. « Hélas ! » s’écria une d’elles, « l’enfant est perdu ! » ― « Assurément, » dit une autre, « on trouvera que c’est une trop faible expiation pour nous de la perte de l’enfant que de nous brûler ou de nous tuer ! » ― « Y a-t-il au monde, » s’écria une autre, « un conseil à suivre en cette occasion ? » ― « Oui, » répondit une d’elles, « j’en sais un bon. » ― « Lequel ? » dirent-elles toutes. « Il y a ici une chienne de chasse avec ses petits. Tuons quelques-uns de petits, frottons de leur sang le visage et les mains de Riannon, jetons les os devant elle et jurons que