Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/113

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loin ; je porterai chacun de vous jusqu’à la cour c’est là ma pénitence pour avoir tué mon fils et l’avoir moi-même mis en pièces. » ― « Dame, » répondit Teyrnon, « je ne crois pas qu’un seul de nous ici aille sur ton dos. » ― « Aille qui voudra, » dit l’enfant, « pour moi, je n’irai pas. » ― « Ni nous non plus, assurément, mon âme. » dit Teyrnon. Ils entrèrent à la cour, où on les reçut avec de grandes démonstrations de joie.

On commençait justement un banquet ; Pwyll venait de faire son tour de Dyvet[1]. Ils se rendirent à la salle et allèrent se laver. Pwyll fit bon accueil à Teyrnon. On s’assit : Teyrnon, entre Pwyll et Riannon, ses deux compagnons plus haut, à côté de Pwyll, et l’enfant entre eux. Après qu’on eut fini de manger et que l’on commença à boire, ils se mirent à causer. Teyrnon, lui raconta toute l’aventure de la jument et de l’enfant, comme l’enfant avait passé pour le sien et celui de sa femme, comment ils l’avaient élevé. « Voici ton fils, princesse », ajouta-t-il, « ils ont bien tort ceux qui t’ont faussement accusée. Quand j’ai appris la douleur qui t’acca-

  1. Cylchaw Dyvet. Le cylch était une sorte de voyage circulaire du roi ou chef avec ses principaux officiers à travers ses Etats. C’étaient les tenanciers qui en faisaient tous les frais. Les hommes libres contribuaient seulement aux frais du circuit annuel que faisait après Noël le Penteulu, chef de famille, ou major domus. Les hommes d’Arvon et de Powys en étaient exempts (Voy. Ancient Laws, I, p. 16, 106, 359 ; II, 746 ; cf., sur ces usages, Ferdinand Walter, Das alte Wales, Bonn, 1859, p. 191, 199, 212, 213). Il y a une très curieuse pièce de vers du prince-barde de Powys, Owen Cyveiliog (1150-1197) sur le cylch de sa maison (Myv. arch., p. 192).