Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/252

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On ne laisse entrer que les fils de roi d’un royaume reconnu ou l’artiste qui apporte son art [1]. On donnera à manger à tes chiens et à tes chevaux ; à toi on offrira des tranches de viandes cuites et poivrées [2], du vin à pleins bords et une musique agréable. On t’apportera la nourriture de trente hommes au logis des hôtes, là où mangent les gens de pays lointains et ceux qui n’auront pas réussi à entrer dans la cour d’Arthur. Tu ne seras pas plus mal là qu’avec Arthur lui-même. On t’offrira une femme pour coucher avec toi, et les plaisirs de la musique. Demain, dans la matinée, lorsque le portail s’ouvrira devant la compagnie qui est venue ici aujourd’hui, c’est devant toi le premier qu’elle s’ouvrira et tu pourras choisir ta place où tu voudras dans la cour d’Arthur du haut en bas. » ― « Je n’en ferai rien, » dit le jeune homme ; « si tu ouvres la porte, c’est bien ;


[3] Le même trait de mœurs se retrouve chez les anciens Irlandais. Quand Lug, fils d’Eithlenn, sorte de Mercure irlandais, se présente au palais royal de Tara, le portier refuse de le laisser entrer à moins qu’il ne soit maître en quelque art ou profession (O’Curry, On the manners, III, p, 42).

[4] Le dystein ou intendant du roi devait fournir au cuisinier certaines herbes ; la seule qui soit spécifiée, c’est le poivre (Ancient laws, I, p. 48). Les viandes poivrées sont en honneur aussi dans nos romans de chevalerie : « poons rostis, et bons cisnes (cygnes) pevreis, » [viandes rôties et bons cygnes poivrés] vers 1560, dans Raoul de Cambrai, édition de la Société des anciens textes français.

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