Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/287

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quoiqu’il n’eût qu’une main, trois combattants ne faisaient pas jaillir le sang plus vite que lui sur le champ de bataille ; autre vertu : sa lance produisait une blessure [en entrant], mais neuf en se retirant [1]. Arthur appela Kynddelic le guide : « Va », dit-il, « à cette entreprise avec le prince. » Kynddelic n’était pas plus mauvais guide dans un pays qu’il n’avait jamais vu que dans le sien propre. Arthur appela Gwrhyr Gwalstawt Ieithoed [2], parce qu’il savait toutes les langues.


[3] Une triade le met au-dessus des trois taleithiawc ou porte diadèmes de l’île, c’est-à-dire de Drystan, Hueil, fils de Kaw et Kei (Myv. arch., p. 389, col. 2 ; Triades Mab., p. 307, 16). Le Livre noir met sa tombe à Allt Tryvan, dans le Carnarvonshire (p. 51, 34) ; Arthur, dans le même livre, célèbre sa valeur (p. 51, v. 37 ; 52, 11). Llewis Glyn Cothi compare deux vaillants Gallois aux deux pouces de Bedwyr (Dwy vawd Vedwyr oeddynt, p. 396, v. 25 ; cf. ibid., p. 345, v. 22).

[4] Drych, « vue, regard » ; Cibddar est, dans les Triades, avec Coll, fils de Collvrewi, et Menw, un des trois prif Lledrithiawc ou premiers magiciens, habiles à se transformer ou à se métamorphoser (Myv. arch., p. 390,33) ; une autre tradition lui donne pour fils Elmur, qui est des trois tarw unbenn ou princes taureaux du combat (Myv. arch., 408, col. 1). Il est aussi question de Cibddar dans les Iolo mss., p. 253 (a glyweist tichwedl Cibddar.).

[5] Nous avons dû ici expliquer plutôt que traduire le texte ; le texte dit que la lance de Bedwyr avait un coup, une blessure, et neuf contre-coups (gwrth-wan ; gwan, « action de percer » ). Il semble qu’on soit ici en présence d’une arme dans le genre du gae bulga du héros irlandais Cuchulain. Le gae bulga ou javelot du ventre faisait la blessure d’un seul trait en entrant, et trente en se retirant ; il portait, échelonnées, une série de pointes disposées comme des hameçons. Pour le retirer, on était souvent obligé d’ouvrir le corps. Cuchulain visait avec lui ses ennemis au ventre (O’Curry, On the manners, II, p. 309). Des lances avec des pointes (généralement cinq) sont souvent mentionnées dans des épopées irlandaises, notamment dans le Táin Bó Cualgne.

[6] Gwrhyr, le maître ou plutôt l’interprète des langues.Il est fait mention de lui dans le Songe de Ronabwy et le roman de Gereint ab Erbin. C’est de lui probablement qu’il s’agit dans les Chwedlau des Iolo mss. : « As-tu entendu le propos de Gwrhyr, le serviteur de Teilaw le barde au langage véridique ? » (p. 255). Pour le sens de gwalstawd ou gwalystawd, mot emprunté à l’anglais, v. Iolo mss., p. 257, strophe 119.

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