Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/369

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
369
LE SONGE DE RONABWY

Il salua Arthur et lui dit que les corbeaux d’Owein étaient en train de tuer ses petits serviteurs et ses pages. Arthur tourna les yeux vers Owein et lui dit : « Arrête tes corbeaux. » — « Seigneur » répondit Owein, « joue ton jeu. » Et ils jouèrent. Le chevalier s’en retourna sur le théâtre de la lutte, sans qu’on tentât d’arrêter les corbeaux. Arthur et Owein jouaient déjà depuis quelque temps, lorsqu’ils entendirent un grand tumulte : c’étaient les cris de détresse des hommes et les croassements des corbeaux enlevant sans peine les hommes en Pair, les écrasant et déchirant à coups de bec, et les laissant tomber en morceaux sur le sol. En même temps, ils virent venir un chevalier monté sur un cheval blanc pâle, mais, à partir de l’épaule gauche, tout noir jusqu’au milieu du sabot. Cheval et cavalier étaient couverts d’une lourde et forte armure bleuâtre. La cotte d’armes était de paile jaune damassé, avec une bordure verte, tandis que la cotte de son cheval était toute noire, avec des bords tout jaunes. À sa hanche était fixée une longue et lourde épée à trois tranchants, dont le fourreau était de cuir rouge artistement découpé ; le ceinturon était de peau de cerf d’un rouge tout frais ; la boucle, d’os de cétacé, avec une languette toute noire. Sa tête était couverte d’un beaume doré, dans lequel était enchâssé un saphir aux propriétés merveilleuses ; il était surmonté d’une figure de lion jaune rouge, dont la langue rouge flamme sortait d’un pied