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de Kulhwch, et même avec celui des guerriers du Songe de Ronabwy, ce dernier contemporain de très près de l’époque de la composition des trois romans français[1].

Certains emprunts gallois dénoncent une source écrite française, par exemple geol, prison (Peredur, Livre Rouge, p. 238, l. 2 ; Cf. traduction). D’après l’orthographe galloise de toute époque, une forme geol se prononcerait en français aujourd’hui gueol (gu comme gu dans guerre) ; la forme orale geole (jeole) eût été écrite ieol ou jeol : la forme française la plus ancienne est jaiole.

Un autre passage dans Owen et Lunet ne peut guère s’expliquer que par une méprise de l’auteur gallois. Lunet, raconte à Owen qu’elle a été emprisonnée, pour avoir défendu sa réputation, dans un vase de pierre (llestyr o vaen) : l’expression se trouve dans le Livre Rouge et dans Peniarth[2]. Dans Chrétien, c’est une chapelle, et tout justement la chapelle qui se trouve près de la fontaine enchantée. Le roman gallois ne mentionne pas de chapelle à cet endroit : il doit y avoir eu erreur des deux côtés. Il n’y a qu’un mot qui puisse l’expliquer, c’est chapele, le vieux français chapele qui a à la fois les

  1. Cependant il est d’une grande importance de relever une remarque du narrateur gallois de Geraint, à propos du chevalier accompagné d’un nain discourtois (Voir trad.) : il portait une armure étrangère qui ne laissait pas voir son visage. Voilà un trait qui assurément ne peut être français (Cf. J. Loth. Des nouvelles théories. Rev. celt. XIII, p. 498).
  2. L. Rouge, p. 187, l. 28 ; Livre Blanc, p. 256.