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La transmission s’est faite et oralement et par écrit, comme en témoignent les formes mêmes des noms propres. Les écrivains français ont dû trouver des romans déjà formés et non simplement des lais et des contes plus ou moins apparentés qu’ils auraient fondus ensemble.

Comme je l’ai établi plus haut, les Bretons insulaires, avant l’apparition des romans français, avaient mis sur pied des romans d’aussi longue haleine et aussi bien composés pour le moins que les romans français. Il est même remarquable que dans l’ensemble, Owen et Lunet, Peredur, Gereint et Enid sont supérieurs aux romans français correspondants. Au point de vue artistique, la supériorité des écrivains gallois est également incontestable. On ne peut que souscrire au jugement d’Alfred Nutt (The Mabinogion, p. 352). Comme il le dit, aucun écrivain français du temps de Chrétien, ni en France ni en Angleterre, ne saurait lutter contre les Gallois comme conteurs. Chez les Français, l’histoire se déroule lentement, terne, incolore, embarrassée de maladroites répétitions, de digressions oiseuses. Chez les Gallois, la narration est vivante, colorée, mettant en relief avec un sur instinct ar-