Page:Loti - Aziyadé.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Achmet me reconduit à bord, où nous nous disons adieu au milieu du tohu-bohu des visites et de l’appareillage.

Nous partons, et Stamboul s’éloigne…


XXVII

En mer, 27 mars 1877.

Un pâle soleil de mars se couche sur la mer de Marmara. L’air du large est vif et froid. Les côtes, tristes et nues, s’éloignent dans la brume du soir. Est-ce fini, mon Dieu, et ne la verrai-je plus ?

Stamboul a disparu ; les plus hauts dômes des plus hautes mosquées, tout s’est perdu dans l’éloignement, tout s’est effacé. Je voudrais seulement une minute la voir, je donnerais ma vie pour seulement toucher sa main ; j’ai une envie folle de sa présence.

J’ai encore dans la tête tout le tapage de l’Orient, les foules de Constantinople, l’agitation du départ, et ce calme de la mer m’oppresse.

Si elle était là, je pleurerais, ce que je n’ai pu faire ; je mettrais ma tête sur ses genoux et je pleu-