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longues heures que j’ai passées là, étendu devant ma fenêtre ouverte.

À mes pieds, les vieilles cases arméniennes sont obscures et endormies ; j’ai vue sur un très profond ravin, au bas duquel un bois de cyprès séculaires forme une masse absolument noire ; ces arbres tristes ombragent d’antiques sépultures de musulmans ; ils exhalent dans la nuit des parfums balsamiques. L’immense horizon est tranquille et pur ; je domine de haut tout ce pays. Au-dessus des cyprès, une nappe brillante, c’est la Corne d’or ; au-dessus encore, tout en haut, la silhouette d’une ville orientale, c’est Stamboul. Les minarets, les hautes coupoles des mosquées se découpent sur un ciel très étoilé où un mince croissant de lune est suspendu ; l’horizon est tout frangé de tours et minarets, légèrement dessinés en silhouettes bleuâtres sur la teinte pâle de la nuit. Les grands dômes superposés des mosquées montent en teintes vagues jusqu’à la lune, et produisent sur l’imagination l’impression du gigantesque.

Dans un de ces palais là-bas, le Seraskierat, il se passe à l’heure qu’il est une sombre comédie ; les grands pachas y sont réunis pour déposer le sul-