Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/226

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. Hier seulement j’ai tenté d’en voir, dans une petite ville fantôme où l’on m’avait dit qu’une quinzaine d’entre elles étaient venues se poser.

Le décor où elles me sont apparues était effroyable, il va sans dire : une ville ignoblement saccagée, au milieu d’une région de vergers où tous les arbres à fruits avaient été sciés par les Barbares à un mètre du sol ; un chaos de ruines, où s’entendait furieusement le tonnerre de la grosse artillerie proche.

— Je vais vous conduire chez elles, m’avait gentiment offert un des officiers cantonnés là.

Et chemin faisant il me disait :

— Ce sont d’adorables créatures ; vous n’imaginez pas le bien qu’elles font, et avec tant de discernement, d’intelligence et de bonne grâce !

Quand nous eûmes franchi quelques lamentables groupes de maisons démolies, nous aperçûmes un baraquement de bois blanc tout neuf :

— C’est ici, me dit-il, qu’elles demeurent.

Il m’ouvrit la porte, en familier, et m’introduisit dans un tout petit salon, meublé