Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/229

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répugnance de nos campagnards à se servir de ces nouveaux tracteurs de labour, qu’elles avaient introduits dans la région par douzaines, les faisaient légèrement sourire. Elles étaient surprises, aussi, ces grandes cosmopolites dont la patrie d’ailleurs n’a pas encore de passé, elles étaient surprises et touchées de l’affection profonde de ces pauvres gens pour le plus modeste logis héréditaire, pour le plus petit coin du sol natal.

— Il nous en arrive tous les jours, disaient-elles, qui revoient leur pays pour la première fois depuis leur fuite devant les Barbares ; souvent il est à peine reconnaissable, le tas de pierres qui fut leur demeure ; c’est égal, c’est là qu’ils veulent obstinément habiter ; en vain nous leur offrons de leur bâtir ailleurs une maisonnette plus confortable ; non, c’est là même, parmi leurs décombres, à cause parfois d’un vieux puits qui est resté en place, ou d’un vieil escalier de pierres, d’un vieil arbre. Et alors il nous faut céder, pour ne pas leur faire plus de peine.


J’étais curieux de voir ces magasins « où elles vendent de tout ».