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sieurs hectares, fraîchement labouré et ensemencé, où commence de s’étendre une fraîche nuance de velours vert. C’est elles, bien entendu, qui ont envoyé le grain et dirigé les semailles. Et nous apercevons, dans les lointains de cette plaine, plusieurs de ces appareils automobiles de labour, qu’elles ont fait venir ; une vieille femme ou un enfant suffit à les mener, tant ils sont pratiques, et ils défrichent presque tout seuls ces bonnes terres françaises, qui étaient depuis trois ans abandonnées.

Quand il faut ralentir notre course, pour quelque défilé de nos cavaliers qui reviennent, du front, ou même nous arrêter tout à fait, nous recommençons à entendre plus clair la symphonie furieuse de la bataille d’artillerie qui ne cesse pas ; mais ici nous sommes hors de portée des Boches, surtout depuis leur dernière reculade, qui fut, comme on sait, tellement piteuse.

Ces villages que nous visitons ensemble avaient été ignoblement détruits, il va sans dire ; mais aujourd’hui on commence d’y voir beaucoup de toits neufs, de murs tout neufs ou raccommodés de frais, et des contre-