Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/25

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que certains de leurs soldats — des simples évidemment, accessibles à quelque pitié — répugnaient trop à la basse besogne, et qu’il avait fallu de nobles exhortations de leurs supérieurs pour les y contraindre ! (Sic.)



« Faut-il que notre civilisation élève ses temples sur des montagnes de cadavres, sur des océans de larmes, sur des râles de mourants ? — Oui. »
(Feld-maréchal von Hæseler.)


Maintenant que le printemps, impassible ou ironique, a ramené ici ses manteaux de verdure avec ses chants d’oiseaux, rien ne s’égaie dans nos ruines toutes fraîches qui, pour ainsi dire, saignent encore ; au contraire, l’abomination de l’œuvre allemande n’en est que plus révoltante, et je crois qu’elles sont plus lugubres qu’en hiver, ces campagnes mortes d’où l’on vient tout juste de chasser les Barbares, mais où les habitants ne sont pas revenus et où le grondement