Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/52

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représentez pas aussi effroyables, je veux le croire, car c’est là votre meilleure excuse.

Aux Américains, je n’ai plus besoin de dire : venez, — car voici, ils sont magnifiquement en route, ils arrivent avec de l’or, des soldats, des explosifs, au secours de la civilisation et de la liberté. Ils sont beaucoup plus admirables que ne l’auraient été les derniers Neutres de l’Europe qui se seraient enfin décidés à marcher avec nous, car eux n’étaient encore que presque lointainement menacés, l’Océan les préservait, sans doute au moins pour un temps, contre les tentacules de la grande pieuvre allemande, et, s’ils se sont levés, c’est dans un élan superbe d’indignation, dans un pur sentiment de solidarité et de justice. Quand j’étais allé dans leur pays dernièrement, mon âme d’Oriental s’était un peu effarée de leur modernisme, de leur fièvre de spéculation et de progrès ; peut-être n’avais-je pas su voir, ni dire, qu’ils étaient capables d’un tel idéalisme et d’un tel désintéressement. Qu’ils veuillent bien me pardonner et qu’ils m’accordent la joie d’être ici un humble interprète de nos plus profondes et sympathiques admirations.