Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/70

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retournons d’instinct, l’un et l’autre, pour suivre des yeux, avec un même sentiment d’admiration religieuse, la svelte silhouette royale qui s’éloigne à pas lents sur le sable ; elle s’en va la tête penchée, comme reprise tout à coup par les réalités effroyables, sans doute parce que le soleil décline et qu’elle subit comme nous la décourageante mélancolie de cette décroissance de la lumière : la nuit va venir, pleine de surprises et de dangers pour elle, malgré les trilles éperdus de joie que lui feront bientôt, par-dessus le grondement de l’artillerie, ses petits protégés chanteurs. Et moi, je m’en retourne à Dunkerque, où je suis sûr de réentendre tout à l’heure l’horrible voix de la grande sirène d’alarme.