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par où je l’aborde aujourd’hui ; aux premiers contreforts, il y a encore un peu de végétation, de l’eau et des habitations humaines. Aussitôt l’Isonzo traversé, un grand village se présente ; il est depuis longtemps libéré, celui-là, et les lignes autrichiennes en ont été repoussées assez loin pour que l’on ait commencé à boucher les grands trous des murs ; on y jouit d’une sécurité relative ; il n’est plus à portée que des obus de gros calibre, qui n’y viennent que de temps à autre, démolir au hasard quelque chose pour ne pas se faire oublier. C’est un lieu où les combattants, à tour de rôle, sont envoyés au repos, et les petites rues fourmillent de leurs uniformes d’un vert gris ; il y a des ambulances, des bains, tout un modeste confort pour eux, exactement comme chez nous, un peu à l’arrière de notre front.

Dans notre course rapide, nous avions déjà quitté ce village depuis quelques minutes, montant par des lacets vers des régions toujours plus dénudées, quand en me retournant j’aperçois, en contre-bas de nous, un millier de soldats peut-être, tassés et immobiles devant une sorte de grand cartonnage extra-