Page:Loti - L’Inde (sans les Anglais).djvu/42

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incompréhensibles, et le gardien en robe jaune regagne tranquillement son logis d’ermite — prêtre d’un temple d’étrangeté rare, n’ayant d’autre soin terrestre que d’y arranger des fleurs et vivant sans peines comme sans joies, au milieu de cette thébaïde, dans la seule espérance de se prolonger soi-même, au delà de son incarnation d’un jour, en une impersonnelle et morne éternité…



Le soleil baisse quand je quitte la jungle du rocher-temple pour rentrer dans les bois de haute futaie où la ville d’Anuradhapura s’est endormie et, devant repartir demain au petit jour, je vais errer jusqu’à la nuit dans les ruines.

« Les plus grandes rues sont celles de la Lune, du Roi, la rue couverte de sable et une quatrième. Et dans la rue de la Lune, on trouve onze mille maisons.

La distance de la porte principale à la porte du Midi est de seize milles ; de la porte du Nord à la porte du Midi, on compte seize milles également. »

En effet, sous les arbres, c’est à n’en plus finir, ces gisements de pierres, de décombres et de sculptures d’un style si lointain : divinités coiffées de tiares ; monstres héraldiques à corps de crocodile, à trompe d’éléphant et à queue d’oiseau. Et toujours des piliers,