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MADAME CHRYSANTHÈME

croit trompé. Il n’y a pas d’illusion à se faire du reste : ces partis, que nous a procurés M. Kangourou, sont des demi-jeunes filles, si l’on peut dire, des petites personnes ayant déjà eu dans leur vie un léger roman, ou même deux. Alors, il est bien naturel de se méfier un peu…

Le ménage Z*** et Touki-San va cahin-caha, avec des disputes.

Le mien conserve plus de dignité, non moins d’ennui. L’idée de divorcer m’est bien venue ; mais je ne vois guère de raison valable pour faire cet affront à Chrysanthème, et puis une chose surtout m’a arrêté : j’ai eu des difficultés, moi aussi, avec les autorités civiles.

Avant-hier, M. Sucre très ému, madame Prune en pâmoison, mademoiselle Oyouki tout en larmes sont montés chez moi comme un ouragan. Les agents de la police nipponne étaient venus leur faire de grosses menaces, pour loger ainsi, en dehors de la concession européenne, un Français morganatiquement marié à une Japonaise, — et la terreur les prenait d’être poursuivis ; humblement avec mille formes affables, ils me priaient de partir.