Page:Loti - Madame Chrysanthème, 1899.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
150
MADAME CHRYSANTÈME

rafales terribles les tourmentent avec des bruits sifflants ; il nous tombe, en pluie, des branches, des feuilles de bambou, de la terre.

Et, en ce pays de gentilles petites choses, cette tempête détonne ; il semble que son effort soit exagéré et sa musique trop grande.


Vers le soir, les grosses nuées sombres roulent si vite que les averses sont courtes, tout de suite égouttées, tout de suite finies. — Alors je tente d’aller me promener dans la montagne au-dessus de nous, parmi les verdures mouillées : — il y a des petits sentiers qui y mènent, entre des buissons de camélias et de bambous.

… Pour laisser passer une ondée, je me réfugie dans la cour d’un très vieux temple, qui est à mi-côte, abandonné au milieu d’un bois d’arbres séculaires aux ramures gigantesques ; on y monte par des escaliers de granit, en passant sous de très étranges portiques, aussi rongés que les Grandes Pierres des Celtes. Les arbres ont envahi aussi cette cour ; la lumière y est voilée, verdâtre ; il y tombe une pluie torrentielle, mêlée de feuilles et de mousses arrachées. Des vieux monstres en gra-