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MADAME CHRYSANTÈME

entraînés par la foule qui augmente encore, nous continuons de nous acheminer vers le temple.

Les rues suivent une pente ascendante (car les temples sont toujours sur des hauteurs) et, à mesure que nous montons, à la féerie des lanternes et des costumes s’en ajoute une autre, qui est lointaine, bleuâtre, vaporeuse : tout Nagasaki, avec ses pagodes, ses montagnes, ses eaux tranquilles pleines de rayons de lune, s’élevant en même temps que nous dans l’air. Lentement, pas à pas si l’on peut dire, cela surgit alentour, enveloppant d’un grand décor diaphane tous ces premiers plans où papillotent des lumières rouges et des banderoles de toutes couleurs.

Nous approchons sans doute, car voici les énormes granits religieux, les escaliers, les portiques, les monstres. Il nous faut gravir maintenant des séries de marches, portés presque par le flot des fidèles qui monte avec nous.


La cour du temple, — nous sommes arrivés.

C’est le dernier et le plus étonnant tableau de la féerie de ce soir, — tableau lumineux et profond, qui a des lointains fantastiques éclairés par la lune