Page:Loti - Madame Chrysanthème, 1899.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
201
MADAME CHRYSANTHÈME

terni les couleurs et les ors. Pour arriver, il faut franchir plusieurs cours désertes étagées sur le flanc de la montagne, plusieurs portes solennelles, et des marches et des marches, en s’élevant toujours au-dessus de la ville et des bruits humains, dans une région sacrée remplie d’innombrables tombeaux. Sur toutes les dalles, sur toutes les murailles, du lichen et des pariétaires ; la teinte grise des choses très vieilles, répandue partout comme une couche de cendre.

Dans un premier temple latéral, trône un Bouddha géant assis dans son lotus, — idole dorée de quinze à vingt mètres de haut, montée sur un énorme socle de bronze.

Enfin le dernier portique se dresse, avec les deux colosses traditionnels, gardiens du saint parvis, qui se tiennent debout, l’un à droite, l’autre à gauche, enfermés comme des bêtes fauves, chacun dans une cage grillée de fer. Ils ont l’attitude furieuse, le poing levé pour frapper, la figure ricanante et atroce. Leurs corps sont criblés de boulettes en papier mâché, qu’on leur a lancées à travers les barreaux et qui se sont collées sur leurs membres monstrueux comme une lèpre blanche :