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MADAME CHRYSANTÈME

la prière chantée de madame Prune prend son vol dans l’air sonore, je m’éveille et je redescends vers la mer, par ces sentiers où l’herbe est pleine de rosée fraîche.


La recherche des bibelots est, je crois, la plus grande distraction de ce pays japonais. Dans les petites boutiques des antiquaires, on s’assied sur des nattes pour prendre une tasse de thé avec les marchands ; puis on fouille soi-même dans des armoires, dans des coffres, où sont entassées des vieilleries bien extravagantes. Les marchés, très discutés, durent souvent plusieurs jours et se traitent en riant, comme de gentilles petites farces que l’on voudrait se jouer les uns aux autres…

J’abuse vraiment de l’adjectif petit, je m’en aperçois bien ; mais comment faire ? — En décrivant les choses de ce pays-ci, on est tenté de l’employer dix fois par ligne. Petit, mièvre, mignard, — le Japon physique et moral tient tout entier dans ces trois mots-là…

Et ce que j’achète s’amoncelle là-haut, dans ma maisonnette de bois et de papier ; — elle était bien plus japonaise pourtant, dans sa nudité première,