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MADAME CHRYSANTÈME

et le tableau tout entier n’était pas grand comme une main de femme.

Quant au peigne de madame Prune, en lui-même il ne me disait rien, je l’avoue, et je faisais la sourde oreille, le trouvant bien insignifiant et bien cher. Alors Chrysanthème, tristement, répondit :

— Non, merci, je n’en veux pas ; remportez-le, chère Madame…

Et en même temps elle poussa un gros soupir, assez réussi, qui signifiait :

— Il ne m’aime déjà pas tant que cela… Inutile de le tourmenter.

Tout de suite, j’ai fait l’emplette désirée.

Plus tard, quand Chrysanthème sera devenue une vieille guenon comme madame Prune, avec des dents noires et de la dévotion, son tour arrivera de brocanter la chose — à quelque belle d’une génération à venir…


… Une autre fois, j’avais pris mal de tête, au soleil, et j’étais étendu par terre, reposant sur mon oreiller en peau de couleuvre. Les yeux troublés, je voyais tourner, comme en une ronde, la