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MADAME CHRYSANTÈME

der quels sont ces écervelés qui se promènent si vite et si tard, en faisant tout ce bruit. Ou bien, une lueur, que nous jetons en passant, nous montre le rire atroce d’une des grosses bêtes en pierre assises aux portes des pagodes…


Enfin nous arrivons au pied de ce temple d’Osueva et, laissant nos djins avec nos petits chars, nous commençons à monter les escaliers de géants, complètement déserts cette nuit.

Chrysanthème, qui fait toujours un peu la petite fille fatiguée, l’enfant gâtée et triste, monte avec lenteur, entre Yves et moi, s’appuyant sur nos bras.

Jonquille, au contraire, grimpe en sautillant comme un oiseau et compte pour s’amuser les marches interminables :

Hitôts’! Ftâts’! Mits’! Yöts ! (un ! deux ! trois ! quatre !) dit-elle en s’élevant par une série de petits bonds légers.

Itsôûts ! Moûts ! Nanâts’! Yâts’! Kokonôts’! (cinq ! six ! sept ! huit ! neuf !…)

Et elle appuie bien fort sur les accents circonflexes, comme pour rendre ces nombres encore plus drôles.