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MADAME CHRYSANTÈME

en boutique ; — faisant mine d’avoir très bien saisi, on nous trace, au pinceau sur papier de soie, des adresses de magasins où nous devons infailliblement rencontrer ce qu’il nous faut, — et nous partons plein d’espoir, courant à une mystification nouvelle ; nos djins essoufflés en perdent la tête.

On comprend bien que nous voulons quelque chose pour produire du bruit, de la musique ; alors on nous offre des instruments de toutes les formes, les plus inattendus, les plus extraordinaires : des pratiques pour voix de polichinelles, des sifflets pour chiens, des trompettes. C’est toujours de plus en plus inouï ce qu’on nous propose tellement qu’à la fin un fou rire nous gagne. En dernier lieu, un vieil opticien nippon, qui avait pris un air très fin, un air de parfaite compétence, s’en va fouiller dans son arrière-boutique — et nous rapporte une sirène à vapeur, provenant d’un paquebot naufragé.


Après dîner, l’événement considérable de la soirée est une averse de déluge qui nous surprend au sortir des maisons de thé, au retour de notre