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MADAME CHRYSANTÈME

extrêmes, qu’il est trop tard, les amateurs sont partis, il faudra revenir demain.

La soirée est si belle et si douce que nous restons dehors, suivant sans but le sentier qui continue de s’élever et de se perdre dans les régions solitaires de la montagne, vers les cimes.

Une heure durant nous marchons, — promenade imprévue, — et nous voilà très haut, dominant des perspectives infinies aux dernières lueurs du jour ; nous voilà dans un site isolé et triste, au milieu de ces petits cimetières bouddhiques dont la campagne est partout semée.

Nous croisons quelques travailleurs attardés, qui reviennent des champs portant des gerbes de thé sur leur dos. La mine un peu sauvage, ces paysans ; demi-nus, ou bien habillés de robes longues en coton bleu ; ils nous font en passant de grandes révérences.

Pas d’arbres, dans cette région haute. Des champs de thé alternant avec des tombes : vieilles statuettes en granit qui représentent Bouddha dans son lotus, ou vieilles bornes funéraires sur lesquelles brillent des restes d’inscriptions d’or. Surtout il y