Page:Loti - Madame Chrysanthème, 1899.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
MADAME CHRYSANTHÈME

— Non, Missieu, non ! Ce sont des Guéchas[1], Missieu, — des Guéchas !

— Eh bien, mais, pourquoi donc pas des Guéchas ? qu’est-ce que cela peut me faire, à moi, qu’elles soient des Guéchas ? — Plus tard, quand je serai mieux au courant des choses japonaises, peut-être apprécierai-je moi-même l’énormité de ma demande : on dirait vraiment que j’ai parlé d’épouser le diable…

Mais voici M. Kangourou qui se rappelle tout à coup une certaine mademoiselle Jasmin. — Mon Dieu, comment donc n’y avait-il pas songé tout de suite ; mais c’est absolument ce qu’il me faut ; il va dès demain, dès ce soir, faire des ouvertures aux parents de cette jeune personne, qui demeurent fort loin d’ici sur la colline d’en face dans le faubourg de Diou-djen-dji. C’est une demoiselle très jolie, d’une quinzaine d’années. On l’aurait probablement à dix-huit ou vingt piastres par mois, à la condition de lui offrir quelques robes de bon goût et de la loger dans une maison agréable et bien

  1. Guéchas, chanteuses et danseuses de profession formées au Conservatoire de Yeddo.