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MADAME CHRYSANTHÈME

dernier panneau, avez-vous remarqué celle qui est assise ?

Ma foi non, je ne l’avais pas remarquée, dans mon trouble ; tournée à contre jour, vêtue de sombre, dans la pose négligée de quelqu’un qui s’efface. Le fait est qu’elle paraît beaucoup mieux, celle-ci. Des yeux à longs cils, un peu bridés, mais qui seraient trouvés bien dans tous les pays du monde : presque une expression, presque une pensée. Une teinte de cuivre sur des joues rondes ; le nez droit ; la bouche légèrement charnue, mais bien modelée, avec des coins très jolis. Moins jeune que mademoiselle Jasmin ; dix-huit ans peut-être, déjà plus femme. Elle fait une moue d’ennui, de dédain aussi un peu, comme regrettant d’être venue à un spectacle qui languit, qui n’est guère amusant.

— Monsieur Kangourou, quelle est cette petite personne, en bleu foncé, là-bas ?

— Là-bas, monsieur ? — C’est une personne appelée mademoiselle Chrysanthème. Elle a suivi les autres qui sont là ; elle est venue pour voir… Elle vous plaît ? dit-il brusquement, flairant une autre solution pour son affaire manquée.

Alors, oubliant toute sa politesse, tout son céré-