Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/201

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alors, dédaignant même de leur expliquer pourquoi, il se jeta sur sa couchette et, du même coup, s’endormit.

Bientôt il rêva de Sylvestre mort, de son enterrement qui passait…

Aux approches de minuit, – étant dans cet état d’esprit particulier aux marins qui ont conscience de l’heure dans le sommeil et qui sentent venir le moment où on les fera lever pour le quart, – il voyait cet enterrement encore. Et il se disait :

— Je rêve ; heureusement ils vont me réveiller mieux et ça s’évanouira.

Mais quand une rude main fut posée sur lui, et qu’une voix se mit à dire : « Gaos ! — allons debout, la relève ! » il entendit sur sa poitrine un léger froissement de papier – petite musique sinistre affirmant la réalité de la mort. — Ah ! oui, la lettre !… c’était vrai, donc ! — et déjà ce fut une impression plus poignante, plus cruelle, et, en se dressant vite, dans son réveil subit, il heurta contre les poutres son front large.

Puis il s’habilla et ouvrit l’écoutille pour aller là-haut prendre son poste de pêche…