Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/220

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— Oui, dit-il d’une voix basse, l’air indifférent et hautain, c’était sur la dernière lettre que mon père m’a envoyée.

Ils le regardaient tous, dans la curiosité qu’ils avaient de son chagrin, et cela l’irritait.

Leurs propos se croisaient à la hâte, au travers du brouillard pâle, pendant que fuyaient les minutes de leur bizarre entrevue.

— Ma femme me marque en même temps, continuait Larvoër, que la fille de M. Mével a quitté la ville pour demeurer à Ploubazlanec et soigner la vieille Moan, sa grand’tante ; elle s’est mise à travailler à présent, en journée chez le monde, pour gagner sa vie. D’ailleurs, j’avais toujours eu dans l’idée, moi, que c’était une brave fille, et une courageuse, malgré ses airs de demoiselle et ses falbalas.

Alors, de nouveau, on regarda Yann, ce qui acheva de lui déplaire, et une couleur rouge lui monta aux joues sous son hâle doré.

Par cette appréciation sur Gaud fut clos l’entretien avec ces gens de la Reine-Berthe qu’aucun être vivant ne devait plus jamais revoir. Depuis un instant, leurs figures semblaient déjà plus effacées,