Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/252

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pements sur les chemins !… Cela lui causa une peine affreuse.

Ces gamins de Ploubazlanec lui avaient tué son chat, et elle les menaçait de son bâton, très en colère et en désespoir :

— Ah ! s’il avait été ici, lui, mon pauvre garçon, vous n’auriez pas osé, bien sûr, mes vilains drôles !…

Elle était tombée, paraît-il, en courant après eux pour les battre ; sa coiffe était de côté, sa robe pleine de boue, et ils disaient encore qu’elle était grise (comme cela arrive bien en Bretagne à quelques pauvres vieux qui ont eu des malheurs).

Yann savait, lui, que ce n’était pas vrai, et qu’elle était une vieille respectable ne buvant jamais que de l’eau.

— Vous n’avez pas honte ? dit-il aux gamins, très en colère lui aussi, avec sa voix et son ton qui imposaient.

Et, en un clin d’œil, tous les petits se sauvèrent, penauds et confus, devant le grand Gaos.

Gaud, qui justement revenait de Paimpol, rapportant de l’ouvrage pour la veillée, avait aperçu cela de loin, reconnu sa grand’mère dans ce groupe.