Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/275

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découragement de vivre, parce que c’était déjà fini…

Il fallait se hâter, se hâter pour les papiers, pour tout, sous peine de n’être pas prêt et de laisser fuir le bonheur devant soi, jusqu’à l’automne, jusqu’à l’avenir incertain…

Leur cour, faite le soir dans ce lieu triste, au bruit continuel de la mer, et avec cette préoccupation un peu enfiévrée de la marche du temps, prenait de tout cela quelque chose de particulier et de presque sombre. Ils étaient des amoureux différents des autres, plus graves, plus inquiets dans leur amour.

Il ne disait toujours pas ce qu’il avait eu pendant deux ans contre elle et, quand il était reparti le soir, ce mystère tourmentait Gaud. Pourtant il l’aimait bien, elle en était sûre.

C’était vrai, qu’il l’avait de tout temps aimée, mais pas comme à présent : cela augmentait dans son cœur et dans sa tête comme une marée, qui monte, jusqu’à tout remplir. Il n’avait jamais connu cette manière d’aimer quelqu’un.

De temps en temps, sur le banc de pierre, il s’allongeait, presque étendu, jetait la tête sur les