Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/279

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Tandis qu’elle l’observait attentivement, une idée commençait à lui venir, et son expression changeait à mesure :

— Ce n’était rien de tout cela, Yann ; alors quoi ? dit-elle en le regardant tout à coup dans le blanc des yeux, avec le sourire d’inquisition irrésistible de quelqu’un qui a deviné.

Et lui détourna la tête, en riant tout à fait.

Ainsi, c’était bien cela, elle avait trouvé : de raison, il ne pouvait pas lui en donner, parce qu’il n’y en avait pas, il n’y en avait eu jamais. Eh bien, oui, tout simplement il avait fait son têtu (comme Sylvestre disait jadis), et c’était tout. Mais voilà aussi, on l’avait tourmenté avec cette Gaud ! Tout le monde s’y était mis, ses parents, Sylvestre, ses camarades islandais, jusqu’à Gaud elle-même. Alors il avait commencé à dire non, obstinément non, tout en gardant au fond de son cœur l’idée qu’un jour, quand personne n’y penserait plus, cela finirait certainement par être oui.

Et c’était pour cet enfantillage de son Yann que Gaud avait langui, abandonnée pendant deux ans, et désiré mourir…

Après le premier mouvement, qui avait été de