Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/301

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Ils tremblaient tous deux, en se tenant les mains. Lui se pencha d’abord vers elle pour embrasser sa bouche : mais Gaud détourna les lèvres par ignorance de ce baiser-là, et, aussi chastement que le soir de leurs fiançailles, les appuya au milieu de la joue d’Yann, qui était froidie par le vent, tout à fait glacée.

Bien pauvre, bien basse, leur chaumière, et il y faisait très froid. Ah ! si Gaud était restée riche comme anciennement, quelle joie elle aurait eue à arranger une jolie chambre, non pas comme celle-ci sur la terre nue… Elle n’était guère habituée encore à ces murs de granit brut, à cet air rude qu’avaient les choses ; mais son Yann était là avec elle ; alors, par sa présence, tout était changé, transfiguré, et elle ne voyait plus que lui…

Maintenant leurs lèvres s’étaient rencontrées, et elle ne détournait plus les siennes. Toujours debout, les bras noués pour se serrer l’un à l’autre, ils restaient là muets, dans l’extase d’un baiser qui ne finissait plus. Ils mêlaient leurs respirations un peu haletantes, et ils tremblaient tous deux plus fort, comme dans une ardente fièvre. Ils