Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/310

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un peu sauvage, semblait avoir là son vrai sens d’éternité.

Elle s’appuyait à son bras. Dans l’enchantement du rêve accompli, elle se serrait contre lui, inquiète toujours, — le sentant fugitif comme un grand oiseau de mer… Demain, l’envolée au large !… Et cette première fois il était trop tard, elle ne pouvait rien pour l’empêcher de partir…

De ces chemins de falaise où ils se promenaient, on dominait tout ce pays marin, qui paraissait être sans arbres, tapissé d’ajoncs ras et semé de pierres. Les maisons des pêcheurs étaient posées çà et là sur les rochers avec leurs vieux murs de granit, leurs toits de chaume, très hauts et bossus, verdis par la pousse nouvelle des mousses ; et, dans l’extrême éloignement, la mer, comme une grande vision diaphane, décrivait son cercle immense et éternel qui avait l’air de tout envelopper.

Elle s’amusait à lui raconter les choses étonnantes et merveilleuses de ce Paris, où elle avait habité, mais lui, très dédaigneux, ne s’y intéressait pas.

— Si loin de la côte, disait-il, et tant de terres,