Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/341

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qui se découpe en corne de renne sur la Manche grise, et s’asseyait là tout le jour aux pieds d’une croix isolée qui domine les lointains immenses des eaux…

Il y en a ainsi partout, de ces croix de granit, qui se dressent sur les falaises avancées de cette terre des marins, comme pour demander grâce ; comme pour apaiser la grande chose mouvante, mystérieuse, qui attire les hommes et ne les rend plus, et garde de préférence les plus vaillants, les plus beaux.

Autour de cette croix de Pors-Even, il y avait les landes éternellement vertes, tapissées d’ajoncs courts. Et, à cette hauteur, l’air de la mer était très pur, ayant à peine l’odeur salée des goémons, mais rempli des senteurs délicieuses de septembre.

On voyait se dessiner très loin, les unes par-dessus les autres, toutes les découpures de la côte, la terre de Bretagne finissait en pointes dentelées qui s’allongeaient sur le tranquille néant des eaux.

Au premier plan, des roches criblaient la mer ; mais, au delà, rien ne troublait plus son poli de