Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/61

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ce n’était que cousins et cousines, fiancés et fiancées. Des amants, il y en avait bien quelques paires aussi ; car, dans ce pays de Paimpol, on va très loin en amour, à l’époque de la rentrée d’Islande. (Seulement on a le cœur honnête, et l’on s’épouse après.)

Mais le soir, pendant qu’on dansait, la causerie étant revenu entre eux deux sur ce grand passage de poissons, il lui avait dit brusquement, la regardant dans les yeux en plein, cette chose inattendue :

— Il n’y a que vous dans Paimpol, — et même dans le monde, — pour m’avoir fait manquer cet appareillage ; non, sûr que pour aucune autre, je ne me serais dérangé de ma pêche, mademoiselle Gaud…

Étonnée d’abord que ce pêcheur osât lui parler ainsi, à elle qui était venue à ce bal un peu comme une reine, et puis charmée délicieusement, elle avait fini par répondre :

— Je vous remercie, monsieur Yann ; et moi-même je préfère être avec vous qu’avec aucun autre.

Ç’avait été tout. Mais, à partir de ce moment